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La fée de la Lienne et la chèvre d'or de Grimbiémont


Les rocs s’en souviennent : en ces années vivait Rambert, un hobereau dont la motte castrale se dressait à Grimbiémont. Non loin d’une rivière dont on avait perdu le nom, mais dont les eaux cristallines n’en finissaient pas de subjuguer le modeste seigneur. Celui-ci, il est vrai - tout redoutable combattant fut il avéré - nourrissait un goût prononcé pour le beau. Et s'il pratiquait la chasse, c'était bien davantage pour se nourrir que par passion.

Ainsi l’aube venait-elle d’étaler ses brumes dans la vallée, ce jour-là, quand Rambert, au sortir d’un taillis, tomba nez à nez avec une biche magnifique. Celle-ci le regardait innocemment, tandis qu’il bandait le puissant arc en if pour décocher un trait mortel. Mais l'homme n’alla pas au bout de son dessein : baissant l'arme, il regarda l’animal s’en aller lentement vers la rivière. Il s'endormit alors. Subitement.

Et quand son instinct le fit sortir de sa torpeur, quelqu’un était là. Tout près. Qu'il devinait davantage qu'il le voyait. Le chevalier laissa glisser sa main vers la dague qu’il portait à la ceinture, dans un geste de dormeur. S’il fallait vendre sa peau, ce serait au prix fort. Quelque chose pourtant lui disait qu’il n’avait rien à craindre.

Le doute fut dissipé lorsqu'il ouvrit les yeux, se tournant vivement vers la présence. Celle-ci, une jeune femme aux cheveux blonds ondulant en cascade, d’une beauté irréelle dont le soleil faisait chanter les pleins et les déliés, le regardait paisiblement. Et ces yeux ! Il les connaissait bien, ces yeux : ceux de la biche, tout à l’heure ! Une petite chèvre au poil doré se tenait aux côtés de cette apparition, dont Rambert était certain qu’il ne l’avait jamais rencontrée sur ses terres ni sur celles d’alentours.

Ils se regardèrent longuement, sans mot dire, avant que le jeune homme rompe enfin le silence : « Je suis Rambert, seigneur en ces terres, et vous, belle dame, qui êtes-vous ? » « Appelez-moi Lienne, gentil seigneur ». Un silence, encore. De ces silences habités où tout s’exprime sans un mot. Où tout peut – où tout doit - se décider, faute de manquer l’un de ces rendez-vous que la vie place sur le parcours.

« Je… », balbutia Rambert. « Vous ? » répondit la femme en souriant. « Je… Je ne sais quels mots… vous dire… ». « Alors, à moi donc », enchaîna la belle : « Je suis la fée de cette rivière. Et comme tu l’as deviné, j’étais la biche, tout à l’heure. Que tu as épargnée. Tu ne me connais pas, mais moi je te connais. Peu importe comment, mais je te connais… attends, laisse-moi achever » fit-elle, en coupant doucement la parole au jeune homme. « Je sais quel est ton voeu, et combien grande est mon envie d’y répondre. Mais tu dois savoir que neuf années seulement nous seront données, au bout desquelles je devrai te quitter pour rejoindre mon royaume. Celui des dieux anciens. Dis-moi, à présent que tu sais, ce que ton cœur brûle d'avouer. S’il le veut toujours ». Rambert ne dit mot : il s’approcha d’elle, et l’étreignit.

Ils ne rentrèrent que quelques jours plus tard au château, où l’inquiétude suscitée par cette absence fit rapidement place à la liesse des épousailles. Auxquelles la petite chèvre au poil doré assista.

Les mois, les années passèrent, durant lesquels le sombre donjon de Grimbiémont se transforma en bienheureux séjour, couru par tout ce que l’Ardenne et alentours comptait de Compagnons, de ménestrels et de savants. Grâce à la chèvre, dont il suffisait de tondre les poils d’or – car c’était bien de l’or – pour payer bâtisseurs, orfèvres et autres marchands d’étoffes exotiques, la maison de Grimbiémont devint prospère. Reconnaissant, Rambert la fit même figurer sur ses armoiries. Les mois, et les années, passèrent.

Vint le jour des adieux. Là même où ils s’étaient connus, Lienne et Rambert se rendirent, seuls. La fée, émue, posa un ultime baiser sur les lèvres de son bien-aimé, qui ne pouvait retenir ses larmes : « Tant de bonheur, Lienne… »

Mais elle, déjà, se transformait en brume et disparaissait, laissant Rambert à son chagrin.

Il rejoignit tristement le château ou les cabrioles de la chèvre d’or, que son amour avait laissée, ne parvenaient plus à le distraire. Ménestrels et montreurs d’ours se firent de plus en plus rares. Un vieil homme, borgne et manchot, était devenu la seule présence que Rambert tolérait lorsqu’il s’en allait, des heures durant, arpenter les berges de la rivière à laquelle il avait rendu son nom : Lienne, en perdant celle qu'il aimait.

Désespéré, il partit pour la Croisade. Sans y trouver la mort, et bien qu'il la narguât tant et plus.

À son retour il quitta Grimbiémont, qui s’enfonça dans les broussailles. Grâce aux poils de la fidèle chèvre d’or, il fit alors construire un nouveau château à Grimbièville, quelques lieues plus loin. C'est là, quelques années plus tard et pressé par l'abbé de Stavelot, qu'il épousa Brunehilde. Très pieuse fille d'un seigneur voisin, celle-ci séjourna peu auprès de Rambert. Cette chèvre d’or, et les bruits qui courraient au sujet des amours de son époux avec une fée, lui faisaient redouter ce séjour. Où elle ne se trouvait d'ailleurs que pour obéir à son père.

Elle donna pourtant une descendance à Rambert, avant de rejoindre un cloître lointain selon son plus ardent désir. Le chevalier Rambert, pour sa part, vécut quelques années encore avant de rendre l'âme dans les bras de son seul ami, le vieillard borgne et manchot, tandis que la chèvre d’or lui léchait le front.

C’était, le croiriez-vous, en bord de Lienne. Et Rambert expira dans un sourire, alors qu' un voile de brume venu de la rivière se posait sur son corps.

Longtemps encore, les sires de Grimbièville vécurent prospères grâce à la Chèvre d’or. Mais la Grande peste survint, qui fit des ravages et n'épargna personne. Ainsi périrent les derniers descendants de Rambert. Le château fut abandonné, et avec lui la chèvre de Lienne. Un soir, un terrible orage s’abattit sur les murs désertés, rendant la pierre à la pierre, le bois à la forêt. Dans un éclair, on vit la Chèvre d’or s’élever dans les nuées, pour disparaître à jamais.

L’histoire est dite. Ou presque. Car si par bonheur vos pas vous mènent en bords de Lienne un matin d’été, quand la brume gorgée de soleil étend sa gaze sur les prés humides, il ne tiendra qu’à vous d’être attentifs pour apercevoir la fée. Celle qui, neuf années durant, fit le bonheur de Rambert sur cette terre avant de le conduire ensuite aux Îles Bienheureuses où, n'en doutez point, leur histoire se poursuit à jamais.

Patrick Germain, en val de Lienne le 24 octobre 2007 

#légendes #Grimbiémont

Merci à mon père, à Frédéric Kiesel, Louis Baneux, Pimpuriaux et quelques autres au nombre desquels... va savoir.....
par Admin
le Mar 26 Sep 2017 - 0:08
 
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Sujet: La fée de la Lienne et la chèvre d'or de Grimbiémont
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